
Cette section traite ici des possibles risques et enjeux dans les relations intimes des jeunes, soit : les agressions sexuelles, l’exploitation sexuelle, le sextage et la pornographie juvénile ainsi que la consommation de pornographie.
« Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée (…). Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite (…) » (Gouvernement du Québec, 2016).
Une agression sexuelle est donc liée à l’absence de consentement lors des relations sexuelles que l’on nomme consentement sexuel. Le consentement sexuel c’est le fait de consentir, c’est-à-dire donner son accord à l’autre lors d’une relation sexuelle (par un « oui » ou un « non »).
Quelques nuances existent lorsque l’on aborde la notion du consentement sexuel. Par exemple, un consentement est valide lorsqu’il :
- est donné volontairement par la personne de façon libre/éclairée, de façon explicite (donc de façon évidente et certaine) et par la personne elle-même;
- est donné tout son jugement et les informations qu’il importe de connaître pour faire ce choix (exemple : l’âge du partenaire, la présence d’une ITSS du partenaire, etc.);
- respecte l’âge minimal reconnu par la loi de 16 ans et ses exceptions lorsque la personne n’a pas l’âge minimal de 16 ans (12-13 ans = moins de 2 ans d’écart d’âge entre les partenaires, 14-15 = moins de 5 ans d’écart d’âge entre les partenaires)
- respecte les situations où le consentement est donné, c’est-à-dire que les personnes mineures ne peuvent pas donner leur consentement dans une situation d’autorité, de confiance, de dépendance ou d’exploitation sexuelle entre les partenaires.
En matière de consentement sexuel, le silence n’équivaut pas à un donner son accord!
Il n’y a pas de consentement sexuel (consentement invalide) dans certains contextes :
sous l’influence des paroles ou du comportement d’une autre personne (exemple : lorsque sous l’effet de la force, de la violence, de la menace, d’une situation d’autorité, de dépendance, etc.) ;
lorsque le jugement de la personne est altéré (par exemple, dans un contexte de consommation de drogues ou d’alcool ou lorsque la personne est endormie ou inconsciente) ou les informations sont imcomplètes ou fausses pour faire ce choix.
L’exploitation sexuelle, c’est tout acte sexuel en échange d’argent, de drogues, de services (ex. : devoir, carte repas à la cafétéria de l’école, etc.) ou de biens matériels (ex. : cellulaire, vêtements, etc.).
L’exploitation sexuelle implique généralement une situation, un contexte ou une relation où un individu profite de l’état de vulnérabilité ou de dépendance d’une personne ou de l’existence d’une inégalité des rapports de force dans le but d’utiliser le corps de cette personne à des fins d’ordre sexuel en vue d’en tirer un avantage. Il peut s’agir d’un avantage financier, social ou personnel, comme la gratification sexuelle ou de toute autre forme de mise à profit. (Gouvernement du Québec, 2016)
L’exploitation sexuelle est illégale selon le Code criminel canadien. Certains crimes sont associés à l’exploitation sexuelle, par exemple : le proxénétisme, la traite de personnes, la production de pornographie juvénile ou la distribution non consensuelle d’images intimes.
L’une des problématiques d’actualité que Sexualité et Influence$ rencontre dans les écoles secondaires est le sextage. C’est dans ce contexte que le projet « Si j’avais su… » a été mis sur pied afin notamment d’amener les jeunes à :
- Comprendre l’importance du respect de sa vie privée et d’autrui sur Internet ;
- Réfléchir aux impacts de la diffusion d’images à caractère sexuel sur Internet.
Le sextage (aussi appelé « sexto ») est l’envoi de contenus à caractère sexuel (ex. : photo, vidéo ou propos) au moyen de la technologie, notamment un téléphone cellulaire, une webcam, une application, un site Internet ou les réseaux sociaux.
Certains adolescents envoient des sextos pour explorer la sexualité, la confiance, les limites et l’intimité. Dans ces situations et lorsque ceux-ci sont envoyés entre deux personnes mineures consentantes dans le respect de leur vie privée, cela pose tout de même un problème relativement aux lois entourant la pornographie juvénile!
Il n’est pas rare qu’un contenu sexuel créé ou partagé via la technologie puisse laisser des traces un peu partout sur Internet ou refaire surface à tout moment. En effet, les relations amoureuses à l’adolescence sont souvent nombreuses et de courte durée. Lorsqu’une relation de couple se termine, le sextage peut rapidement déraper. La certitude qu’un ancien sexto ou contenu intime ne sera pas distribué n’existe pas. Les conséquences pour la personne qui en est victime seront désastreuses : commentaires inappropriés, réputation détruite, isolement du groupe d’ami-e-s, etc.
L’atelier développé et animé dans les écoles secondaires par Sexualité et Influence$ dans l’agglomération Longueil (Boucherville, Brossard, Vieux-Longueuil, Greenfield Park, Saint-Hubert, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Lambert) a permis de cumuler des donnée statistiques sur le sexage. Ainsi, 40 % des jeunes âgés de 14 ans et plus disent avoir déjà reçu, envoyé ou partagé du contenu à caractère sexuel (exemple : message texte, photo ou vidéo).
La pratique du sextage est ILLÉGALE pour les personnes âgées de 18 ans et moins. Selon la loi sur la pornographie juvénile, il est interdit de créer, posséder ou de publier ou partager des photos, des écrits, des enregistrements sonores ou des vidéos à caractère sexuel d’une personne de moins de 18 ans… même si c’est le jeune lui-même qui a créé cette publication et qui la possède.
Et c’est tout de même de la pornographie juvénile si les jeunes ont le même âge! Prenons l’exemple de deux adolescents de 16 ans qui sont en couple et qui sont en possession d’images à caractère sexuel. Les deux jeunes pourraient donc être passibles d’accusations criminelles, soit de possession de matériel de pornographie juvénile, et ce même si ce sont leurs images et que tous deux étaient d’accord avec cet échange.
En ligne, ces contenus à caractère sexuel peuvent se retrovuer sur différents supports numériques. c’est de la pornographie juvénile lorsqu’on peut « notamment représenter :
- un enfant mineur se livrant à une activité sexuelle explicite ;
- certaines parties du corps d’un enfant mineur dans un but sexuel (organes génitaux ou région anale) ;
- la valorisation, la simulation ou la description d’une activité sexuelle interdite avec un enfant mineur » (SPVM, 2017).
La pornographie, c’est légal pour qui ?
Il est interdit aux moins de 18 ans d’avoir accès à de la pornographie, mais la réalité est qu’elle est facilement accessible et que beaucoup d’adolescent.e.s y ont eu déjà accès.
Qu’est-ce que la pornographie ?
La pornographie est la « représentation […] de sujets, de détails, considérés comme obscènes, dans une œuvre littéraire, artistique ou cinématographique » ¹. Cette représentation sexuellement explicite sert à susciter l’excitation sexuelle.
Il existe plusieurs types de pornographie tels que la porno « soft », porno féministe, mais la plus répandue reste la pornographie « hard ». Elle se définit par des scènes d’actes sexuels explicites.
Sur plusieurs plateformes web où l’on retrouve de la pornographie « hard », 99% des rapports sexuels mis en scène sont marqués par la violence, la domination et l’absence de consentement 2. On parle, par exemple, de la scène typique où une femme refuse une relation sexuelle et finit par jouir de plaisir après qu’il y ait eu usage de la contrainte.
Est-ce normal que mon adolescent.e écoute de la pornographie?
Oui, à l’adolescence les jeunes sont curieux.ses et ils découvrent leur sexualité. Cependant, il est important de les encadrer et de les sensibiliser au fait que la pornographie n’est pas la réalité. Il est important de développer leur esprit critique.
Sensibilisation et prévention : Quoi dire à mon ado?
Les personnes qui se retrouvent dans le milieu de la pornographie ne sont pas toutes majeures et consentantes. Dans l’exploitation sexuelle, certaines personnes peuvent être soumises à faire partie des scénarios pornographiques et ne pas être consentantes à y participer;
La pornographie ne représente pas une vérité en soi. Elle reste de la fiction au même titre qu’un film hollywoodien de super héros, par exemple;
La pornographie et les pratiques sexuelles qui y sont reliées sont centrées sur les organes génitaux et la pénétration (vaginale et anale). Dans la réalité, il y a une diversité de pratiques sexuelles et la pénétration n’est pas une nécessité;
Les conséquences négatives reliées à la consommation de pornographie sont semblables à celles de la consommation de drogues et d’alcool 3. Par exemple, elle peut engendrer des difficultés relationnelles, troubles érectiles et éjaculatoires (ne pas être en mesure d’avoir une érection ou d’éjaculer), de l’isolement social, etc 3;
Si on décide de s’y adonner, il faut le faire de façon modérée.
Voici un tableau qui peut vous aider à aider votre ado
Porno | Réalité |
Pas de contact physique | Chaleur humaine |
Absence d’émotions et de sentiments | Présence d’émotions et de sentiments |
Accent sur la pénétration et présence de violence | Plusieurs pratiques et préférences sexuelles différentes |
Jeu d’acteur | À l’écoute de soi et de l’autre, authenticité, honnêteté |
Absence de la notion de consentement | Consentement nécessaire pour chaque geste sexuel posé ou reçu |
Aucun usage de préservatif | Le préservatif protège contre les ITSS.* Il est aussi un moyen de contraception fortement recommandé pour éviter les grossesses non désirées. *ITSS: Infections transmissibles sexuellement et par le sang |
Grande performance sexuelle | Performance sexuelle variable selon divers facteurs |
Apparence physique stéréotypée | Apparence physique variable |
1-Mimoun., S, 2007, Le Petit Larousse de la Sexualité, p. 682.
2-Henno., J., 2004, Pornographie la vraie violence, p.92
3-Sergerie., M-A. et Corneau., S., 2018, Usage problématique de la pornographie :
conceptualisation, évaluation et traitement.